MAHA 2025
Une année de léger répit avant une zone de forte turbulence ?
Par rapport aux deux exercices précédents marqués par une forte dégradation, la situation financière des hôpitaux s'améliore légèrement en 2024, ressort-il de l'étude 'Model for Automatic Hospital Analyses' (MAHA) publiée ce mercredi par Belfius. Le secteur reste toutefois fragile, avec une activité de base qui reste dans le rouge, en dépit de la forte baisse des coûts énergétiques.
L'enquête annuelle de Belfius passe au crible les comptes de 80 hôpitaux généraux (mais pas les sept hôpitaux universitaires académiques).
MAHA 2025 en bref:
- La transition vers l'hospitalisation de jour se poursuit.
- Bien qu’en amélioration, le résultat courant se maintient dans une zone de fragilité financière.
- L’apport du résultat exceptionnel permet de redresser le résultat de l’exercice.
- Le secteur reste confronté à une pénurie de personnel et à un absentéisme de longue durée.
- Le volume d’investissement est dominé par la réalisation de quelques grands projets.
L'étude MAHA 2025 met d'abord en lumière la poursuite d'une transformation structurelle, avec une transition vers l'hospitalisation de jour qui se renforce. Les admissions chirurgicales de jour ont ainsi progressé de 2,9% sur un an, pour atteindre 764.000 interventions, et les activités non chirurgicales (comme la chimiothérapie) ont augmenté de 6,1%.
Par rapport à 2019, ces volumes sont désormais supérieurs de 37% en chirurgie et de 21% en non-chirurgical.
LIRE PAR AILLEURS : Unessa: « On devra râper dans l’os si rien ne change »
Les urgences, recensées pour la première fois, totalisent 3,7 millions d'inscriptions, dont 46% débouchent sur une hospitalisation classique (au moins 1 nuitée).
Baisse des coûts énergétiques
Sur le plan financier, le résultat d'exploitation s'améliore spectaculairement. Le déficit est ainsi ramené à -29 millions d'euros (-0,1% du chiffre d'affaires), contre -174 millions d'euros en 2023. Cette évolution tient à une croissance du chiffre d'affaires plus rapide (21,8 milliards, +6,3%) que celle des coûts (23,7 milliards, +5,8%), à des recettes dynamiques issues des honoraires médicaux (+8,3%) et des produits pharmaceutiques (+8,5%), ainsi qu'à une baisse marquée des coûts énergétiques (-35%) équivalant à quelque 130 millions d'euros.
Globalement, la Flandre apparaît en meilleure situation que la Wallonie, qui elle-même devance Bruxelles.
Malgré ce redressement, le résultat courant (performance normale, sans les éléments exceptionnels) reste déficitaire, à -42 millions d'euros (-0,2% du chiffre d'affaires). Cette marge insuffisante laisse les hôpitaux vulnérables aux chocs externes et limite leur capacité d'investissement. Seules 18 institutions parviennent à générer une marge courante supérieure à 1% du chiffre d'affaires, seuil considéré comme robuste, tandis que 37 hôpitaux sur 80 présentent un déficit.
LIRE PAR AILLEURS : santhea: "une stabilisation fragile et des vulnérabilités qui s’accentuent"
Une embellie conjoncturelle, pas structurelle
La bonne nouvelle vient du résultat de l'exercice, qui se ressaisit nettement, porté par un résultat (apport) exceptionnel de 289 millions d'euros. Celui-ci est alimenté par les rattrapages opérés par la Santé publique et les aides versées dans le cadre de la crise sanitaire (IFFE). Grâce à cette manne financière, le résultat final atteint 247 millions d'euros, soit 1,1% du chiffre d'affaires, contre 0,4% un an plus tôt. Une embellie toutefois conjoncturelle, et non structurelle.
Du côté du personnel, l'étude note une progression limitée des coûts salariaux (+4,6%), qui s'explique par une augmentation très minime du nombre d'équivalents temps plein (+0,4%). Mais les hôpitaux restent confrontés à une pénurie persistante, avec 1.756 postes soignants vacants, ainsi qu'à un absentéisme élevé, atteignant 11,5%, dont plus de 4% d'absences de longue durée (+ un an).
Fortes disparités entre hôpitaux
La structure bilantaire demeure relativement solide, avec une solvabilité moyenne de 24,6% et un endettement financier de 32,1%. Toutefois, la moyenne masque de fortes disparités : 30 hôpitaux affichent un niveau de fonds propres inférieur au seuil de 20%, et 21 institutions présentent un taux d'endettement supérieur à 40%.
Les investissements restent stables, à 1,2 milliard d'euros dans les hôpitaux généraux (1,7 milliard avec les hôpitaux universitaires). Mais ils se concentrent principalement sur quelques grands projets, alors que les besoins en transformation digitale, cybersécurité, IA et efficacité énergétique sont appelés à croître rapidement.
Au final, l'analyse MAHA 2025 décrit une année de respiration pour les hôpitaux, mais pas un retour à l'équilibre.
Le résultat courant pourrait à nouveau se dégrader en 2025 (-0,4% attendu), sur fond de réformes fédérales (nomenclature, suppléments d'honoraires, etc.), de hausse prévue des charges de pensions pour le personnel statutaire, et d'un cadre budgétaire en tension.
Ces tendances dessinent un secteur amené à évoluer sur une ligne de crête dans les prochains mois, selon Belfius.