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Rapport MAHA sur les hôpitaux

Une bouffée d'oxygène, mais la pression reste élevée

La santé financière des hôpitaux généraux belges s’est légèrement améliorée en 2024, selon l’analyse annuelle MAHA de Belfius. Cela s’explique principalement par des revenus exceptionnels. Pour 2025, la banque prévoit à nouveau un résultat négatif.

L’analyse MAHA de Belfius est basée sur les chiffres Finhosta de 2024 provenant de 80 hôpitaux généraux, donc hors hôpitaux universitaires. Pour le premier semestre 2025, 61 hôpitaux ont déjà partagé leurs données.

L’hospitalisation de jour, moteur de la croissance

Arnaud Dessoy (Belfius)
Arnaud Dessoy (Belfius).

La transition vers l’hospitalisation de jour se poursuit. L’hospitalisation de jour non chirurgicale connaît une forte croissance (+6,1 % en 2024). L’hospitalisation de jour chirurgicale a également augmenté (+2,9 %) et se situe aujourd’hui déjà 37 % au-dessus du niveau de 2019. L’hospitalisation de jour représente désormais 73 % du nombre total d’admissions en Flandre, contre 66 % en Wallonie et 63 % à Bruxelles.

Le nombre d’hospitalisations classiques (avec au moins une nuitée) stagne, en revanche. L’évolution n’est toutefois pas uniforme : dans certains hôpitaux, le niveau est inférieur de 25 % à celui d’avant la crise du covid, tandis que dans d’autres, le nombre d’hospitalisations classiques a augmenté au cours des cinq dernières années.

La durée moyenne de séjour a encore diminué, passant de 6,7 jours (en 2019) à 6,3 jours (en 2024). Fait remarquable : la durée de séjour diminue également pour les lits chirurgicaux (CD), malgré le déplacement vers la chirurgie de jour.

ambulatoire MAHA

En 2024, 3,68 millions de patients se sont présentés aux urgences, dont 20% (726.915 personnes) ont été hospitalisés. Selon les calculs de Belfius, 40% des hospitalisations classiques proviennent désormais des urgences. Cela a un impact stratégique pour les hôpitaux : une réduction ou une fermeture du service des urgences entraînerait une baisse importante de l’activité en hospitalisation.

Un meilleur résultat grâce à des revenus exceptionnels

Le rapport MAHA examine également en détail les comptes annuels et les bilans. Sur un chiffre d’affaires de 21,8 milliards d’euros, les hôpitaux analysés enregistrent un léger résultat d’exploitation négatif (-29 millions d’euros, soit -0,1%). Les coûts ont augmenté moins rapidement que les revenus, principalement grâce au retour à la normale des coûts de l’énergie.

Le résultat d’exploitation courant (incluant les charges et produits financiers) affiche une perte de 42 millions d’euros (-0,2%). Le résultat final de l’exercice 2024 est quant à lui positif, avec un léger bénéfice de 247 millions d’euros (1,1% du chiffre d’affaires). Celui-ci s’explique par des résultats exceptionnels, notamment les montants de rattrapage pour 2016-2017 et la régularisation du soutien covid.

LIRE L’ÉTUDE COMPLÈTE

Sans ces résultats exceptionnels, la situation financière des hôpitaux belges reste donc très précaire. Sur la base des chiffres du premier semestre 2025, Belfius prévoit pour l’ensemble de l’année une détérioration du résultat d’exploitation, à -0,3% du chiffre d’affaires.

Les chiffres agrégés masquent également de fortes disparités entre les hôpitaux. Seuls 18 des 80 hôpitaux présentent un résultat d’exploitation pouvant être qualifié de robuste (plus de 1 % de bénéfice sur le chiffre d’affaires).

Dépenses et recettes

Entre-temps, le profil des revenus des hôpitaux évolue. En 2024, les revenus issus des honoraires (36,5%) ont dépassé ceux provenant du BMF (35,6%), principalement en raison de l’indexation des honoraires de 6,05 % au 1er janvier 2024. Les produits pharmaceutiques représentent 20,6% du chiffre d’affaires.

Les dépenses de personnel restent le principal poste de coûts (44,6 % du chiffre d’affaires). Leur augmentation s’est limitée à +4,6 % en 2024, principalement due à l’indexation. La croissance en ETP n’est que de 0,4%, avec même une diminution de 1,1 % des ETP à Bruxelles. Le secteur continue de faire face à des pénuries, bien que le nombre d’offres d’emploi ouvertes pour les infirmiers ait diminué de 12,8%.

Pensions : une bombe à retardement

Les hôpitaux comptant du personnel statutaire risquent d’être confrontés à une augmentation de la contribution de responsabilisation, en raison de la baisse du nombre de statutaires actifs. D’ici 2030, cette contribution pourrait atteindre 283 millions d’euros, soit en moyenne 3,3% du chiffre d’affaires des hôpitaux concernés.

« Cela pourrait menacer les capacités d’investissement, voire la survie de certains hôpitaux », avertit Belfius.

Au final, des inégalités qui se creusent

Globalement, la structure financière des hôpitaux est saine. Mais ici aussi, les écarts sont importants. 20 % des hôpitaux détiennent plus de la moitié de l’ensemble des réserves financières, tandis que 30 établissements présentent un ratio de fonds propres inférieur à 20 %.

Un quart des hôpitaux (21 établissements) affiche un taux d’endettement supérieur à 40 %, et 19 hôpitaux génèrent une trésorerie insuffisante pour rembourser leurs dettes à long terme.

Un avenir incertain

Belfius avertit que les hôpitaux belges font face à d’importants défis en matière d’infrastructures, de cybersécurité, de durabilité, de personnel et de charges liées aux pensions.

Parallèlement, le paysage hospitalier lui-même est en cours de réorganisation, avec une réforme en profondeur du financement hospitalier, ainsi qu’une révision de la nomenclature et des honoraires médicaux, le tout dans un contexte de fortes pressions sur les finances publiques.

« D’éventuelles mesures d’économie (concernant, par exemple, les honoraires, les produits pharmaceutiques ou même une possible hausse de la TVA) affecteront également les hôpitaux de manière indirecte sur le plan financier », poursuit Belfius.

« La marge de manœuvre pour mettre en œuvre ces réformes et faire face aux évolutions sociétales, sans affaiblir davantage la santé financière des hôpitaux, est très limitée. Cela nécessite de la transparence, une prévisibilité à moyen terme en matière de financement, de la responsabilité et une concertation entre tous les acteurs concernés. »

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Écrit par Erik Derycke20 novembre 2025

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