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[Opinion] Irina De Knop (Open Vld) : « Le plan global de Vandenbroucke sur la maladie de longue durée, c’est du vieux vin dans de nouvelles bouteilles »

La députée Irina De Knop plaide pour une approche différente concernant les malades de longue durée. Les différentes vagues de mesures lancées par Frank Vandenbroucke pour s’attaquer au problème se sont avérées, jusqu’ici, un coup d’épée dans l’eau. Elle propose en premier de retirer le dossier des mutuelles qui sont juges et parties.

Irina De Knop
(c) Belgaimage

La Belgique compte aujourd’hui près d’un million de personnes en maladie ou en invalidité. Plus de la moitié est à l’arrêt depuis plus d’un an. Pour un tiers d’entre elles, cette situation dure jusqu’à la pension. Notre pays compte autant de malades de longue durée que l’Allemagne… qui compte pourtant huit fois plus d’habitants. On n’est plus face à un problème marginal, mais à un déraillement structurel majeur.

"Ne plus laisser les individus se perdre dans des procédures et des structures, mais les aider réellement à mobiliser leurs talents au bénéfice de notre économie et de notre société : voilà l’objectif."

Pourtant, le ministre Vandenbroucke refuse de faire ce qui s’impose. Il reste accroché à une approche centrée sur les structures, les règles et l’ajout de personnel public, tout en menant ironiquement une politique antisociale. Il parle d’activation, mais passe à côté de l’essentiel : une évaluation indépendante et un accompagnement personnel, axé sur les résultats, des malades de longue durée. Et ce, alors que la volonté existe souvent bel et bien : d’après IDEWE, 80 % des malades de longue durée souhaitent retravailler. Que le ministre ne parvienne pas à les atteindre démontre l’échec de son modèle. Il empile les couches sur des fondations branlantes : plus de coordinateurs, plus de formulaires, plus d’organes de concertation… mais pas de réforme fondamentale. La “révolution” annoncée – une réévaluation après un an – arrive trop tard : à ce stade, beaucoup ont déjà perdu tout lien avec le travail. La réintégration avant six mois est cruciale, et c’est précisément ce que le système ne parvient pas à faire aujourd’hui.

Trois mesures prioritaires

Il est temps de changer radicalement de cap. Trois mesures peuvent faire la différence à court terme :

1. Retirer le suivi des mains des mutuelles
Les mutualités sont à la fois arbitre, gestionnaire de dossier et coach de leurs propres membres, qui leur versent une cotisation. Ce que les chômeurs sont pour les syndicats, les malades de longue durée le sont pour les mutualités : un modèle économique, nourrissant un conflit d’intérêts manifeste. De plus, un malade de longue durée peut changer de mutualité s’il n’est pas satisfait de son “service” — ce qui rend tout suivi objectif illusoire.

Aujourd’hui, des médecins-conseils cochent des cases sous pression du temps, plutôt que d’évaluer le potentiel de réinsertion. Ceux qui pourraient retravailler attendent trop longtemps. Ceux qui ne reprendront jamais sont inutilement ballottés d’une réévaluation à l’autre. Résultat : tout le monde perd — et personne n’est responsable.

La solution : confier l’évaluation de la capacité de travail et de l’invalidité à des médecins indépendants du RIZIV, sans liens avec les mutualités.

2. Miser sur un accompagnement personnalisé et efficace
Les structures créées par Vandenbroucke ne fonctionnent pas. Les 90 coordinateurs “Retour au travail” des mutualités n’obtiennent pas de résultats. Le fonds “Retour au travail”, censé financer un accompagnement vers l’emploi par des coachs professionnels, dispose aujourd’hui d’un budget de 9,5 millions d’euros mais n’est presque jamais utilisé. La procédure est trop lourde, l’orientation systématique inexistante.

Ce qu’il faut ? Une évaluation rapide du potentiel de travail et un accompagnement vers un emploi adapté à la situation du malade de longue durée. Et en contrepartie : pas d’effort, pas d’allocation.

3. La prévention n’est pas un luxe, mais une nécessité
Mieux vaut prévenir que guérir. Au lieu de sanctionner les employeurs par des coûts supplémentaires et un allongement du salaire garanti, il faut les encourager à renforcer le bien-être au travail. Donnons-leur la liberté de mettre en place ce qui fonctionne et récompensons les bons résultats par une réduction des cotisations sociales.

Réorientons aussi la politique de bien-être collective vers un modèle adapté à chaque travailleur : grâce à un budget bien-être individuel, chaque salarié pourrait investir dans sa santé au travail. Finissons-en avec le carcan de la réglementation et ses formulaires : place au vrai sur-mesure pour les employés et les entreprises.

Une approche qui fonctionne

Grâce à une évaluation médicale indépendante et à une intervention précoce, les dépenses diminuent et notre main-d’œuvre disponible augmente. Réintégrer ne fût-ce que 10 % des malades de longue durée représenterait 50 000 personnes supplémentaires sur le marché du travail — soit presque une vacance d’emploi sur quatre comblée.

Ne plus laisser les individus se perdre dans des procédures et des structures, mais les aider réellement à mobiliser leurs talents au bénéfice de notre économie et de notre société : voilà l’objectif.

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Écrit par Irina De Knop29 octobre 2025

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