Le journal du medecin

Première wallonne au CHU de Liège: un patient diabétique équipé d'une pompe à insuline intelligente

Pompe à insuline
Photo d'illustration Omnipod

15 mai 2025 - C’est une première en Wallonie et elle est signée CHU de Liège : depuis la mi-avril, un patient diabétique porte une pompe à insuline patch, sans tubulure, en boucle fermée. Un dispositif intelligent qui adapte l’administration d’insuline automatiquement, 24h/24, tel un mini-pancréas artificiel. La technologie, qui embarque une IA, va alléger le quotidien des patients, tout en réduisant les risques inhérents à la pathologie (hypoglycémie, coma).     

Depuis le 17 avril dernier, un patient liégeois bénéficie d’une toute nouvelle technologie pour la prise en charge de son diabète : la dernière génération d’un dispositif médical (Omnipod 5) qui assure une régulation plus fine de la glycémie, et lui offre ainsi davantage d’autonomie et de confort au quotidien. 

"Le service de diabétologie du CHU de Liège se positionne ainsi comme pionnier dans l’intégration de cette technologie dans le parcours de soins des patients diabétiques", se félicite l'hôpital. "Ce déploiement illustre notre engagement constant en faveur de l’innovation médicale et de l’excellence des soins spécialisés."

 Un système en boucle fermée et sans tubulure

Régis Radermecker
Le Pr Régis Radermecker, diabétologue au CHU de Liège et président de l’Association du diabète.

Cette nouvelle génération de pompe à insuline automatisée est capable d’ajuster elle-même les doses d’insuline en fonction des lectures (en temps réel) du capteur de glycémie (de type Dexcom G6/G7 ou Freestyle Libre 2 Plus). Le dispositif embarque une intelligence artificielle qui optimise la gestion de la glycémie tout au long de la journée comme de la nuit, ce qui permet de réduire les risques d’hypo- et d'hyperglycémie. Explication sur les différentes révolutions apportées par ce système avec le Pr Régis Radermecker, diabétologue au CHU de Liège à l’origine de cette primeur en Wallonie, et actuel président de l’Association du diabète. 

Le journal du Médecin : Quelles sont les particularités de cette nouvelle pompe à insuline ? 

Pr Régis Radermecker : Parmi les différentes pompes, il y a des modèles classiques et des pompes reliées à des capteurs. Jusqu'ici, les pompes reliées à des capteurs l’étaient avec des tubulures. L'originalité, ici, est que c'est une pompe “patch” qui fait tout en un. Il faut quand même un capteur à côté bien sûr, mais il n'y a plus de tubulures. Or, les tubulures sont à risque de se couder, que la pompe tombe en panne et donc que le patient se retrouve en hyperglycémie. Ici, la pompe, qui fait office de réservoir, est collée contre le bras par exemple, pour une durée de trois jours. Le dispositif est donc jetable.  
Nous disposions déjà, de la même marque, d’une pompe patch remboursée et pas mal de patients l’utilisent, mais ce modèle-ci est en boucle fermée : c’est le premier pancréas semi-artificiel puisqu'il s’adapte en fonction des données du capteur. On avait par ailleurs des pompes en boucle fermée, mais uniquement avec tubulures (les boucles fermées doivent être faites par des centres de référence qui en ont l’expertise et avec des équipes habilitées, NdlR)

Il faut donc changer de pompe tous les trois jours ? 

Oui. Une pompe à tubulure peut avoir un réservoir plus grand, et ça c'est un avantage, mais le patient doit quand même changer son cathéter après maximum trois jours, voire parfois plus souvent s'il a des problèmes avec le cathéter. 

Seuls les patients diabétiques de type 1 sont concernés ? 

En Belgique, les pompes ne sont remboursées que pour les diabétiques de type 1 car ces patients ont des glycémies beaucoup plus variables en général, avec des hypoglycémies, des risques de coma et des hyperglycémies. La glycémie varie beaucoup plus dans le type 1 puisque ces patients n'ont plus du tout d'insuline fabriquées par eux-mêmes. Il est donc plus difficile de les équilibrer par des stylos à injections d'insuline multiples. Les pompes ont montré davantage de résultats positifs chez les diabétiques de type 1 que chez les diabétiques de type 2 - même s’il existe des données dans le type 2, les autorités ont donc fait le choix de rembourser là où il y a le plus de preuves. 

Y a-t-il d'autres conditions pour le remboursement de ce nouveau dispositif ? 

Outre le critère de diabète de type 1, il faut être suivi par un médecin de la Convention pompes à insuline - tous les services n'en disposent pas. Il y a par ailleurs des indications internationalement reconnues. Et il faut tenir compte du souhait du patient. Parmi les paramètres qui entrent en jeu dans la décision médicale, l'instabilité glycémique, le risque d'hypoglycémie et de coma, le confort du patient ou encore son niveau d'activité si le patient est sportif par exemple. 

Le patient porte donc deux dispositifs ? 

Oui, par exemple une pompe sur un bras, et le capteur sur l’autre. Il y a des capteurs qu'on ne peut mettre que sur les bras, et d'autres qu'on peut mettre sur l'abdomen. Même chose pour la pompe. Le patient est donc appareillé de deux dispositifs connectés entre eux. 

Et on peut faire du sport avec ? C'est l'un des intérêts, outre l'allègement de la charge mentale dans la gestion de l'insuline ?

Oui, justement, et c’est particulièrement intéressant pour les jeunes patients, pour les activités quotidiennes et pour la pratique sportive – pas pour le rugby, bien sûr (sourire)

Cette technologie est-elle amenée à devenir une routine à l’hôpital ?  

Porter ce genre de dispositif nécessite une formation, notamment diététique, car si la pompe adapte 24h/24 automatiquement l’insuline, elle n'est pas censée savoir quand le patient mange. Une intervention du patient reste donc nécessaire pour annoncer ses glucides, la pompe propose alors un bolus supplémentaire. Il y a donc toute une éducation diabétique du patient à assurer pour évaluer ses glucides et manipuler la pompe. Nous avons choisi de le faire par groupes de patients, nous avons une liste de personnes en cours d'éducation pour obtenir cette pompe-là. 

Les patients diabétiques ne sont-ils pas rompus à calculer leurs glucides ? 

Ça dépend, certains patients n'ont jamais eu de pompe, par exemple. Certains calculent de manière empirique, mais peu précise. Ici, nous leur apprenons des règles assez simples, dans leur vie de tous les jours, pour être au plus proche de la réalité et avoir un calcul plus exact, mais sans que cela ne devienne non plus une contrainte, par exemple en devant tout peser. 

Les patients reçoivent une séance de formation diététique, puis une deuxième pour checker, plus des séances avec l’infirmier pour l'explication du dispositif, sa mise en place, le remplissage de la pompe. Tout cela reste tout à fait abordable, au niveau compréhension, pour l'immense majorité des patients. 

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Écrit par Cécile Vrayenne

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